Charlotte le renarde.
Sur le plateau de Beauregard, tout près de la ferme des Comborsières paissent tranquillement de jolis petits moutons blancs sous l’œil vigilant et sévère d’Emilien le chien du berger Arthur.
Non loin de là réside toute une colonie de marmottes, et c’est là qu’habite Charlotte entourée de ses parents Javotte sa maman et Eliot son papa.
En ce premier matin de printemps un petit bouquet de perce-neige tourne vers le soleil ses pétales parsemés de petites gouttes de rosée qui brillent tels des petits diamants. Lorsque tout à coup il est secoué par un petit museau, c’est Charlotte impatiente de sortir après avoir hiberné toute la longue saison froide.
Charlotte la petite marmotte est née au printemps de l’année dernière, mais elle était trop petite pour aller gambader toute seule aux alentours, alors elle restait bien sagement auprès de Javotte et Eliott, et puis l’hiver est arrivé avec son cortège de neige et de glace.
Ne t’éloigne pas trop du terrier lui dit Javotte, je te rappelle la règle de chaque marmotte : lorsque l’une d’entre nous sent un danger elle émet un sifflement afin de prévenir les autres marmottes et tout le monde doit rentrer chez soi en attendant que le danger se soit éloigné, et méfie-toi surtout de Bernarde la renarde, elle est rusée, sournoise et méchante.
Oui maman ne t’inquiète pas ! lui répond Charlotte en levant les yeux au ciel.
Mais Charlotte a trop de choses à découvrir, elle s’éloigne, batifole dans les gentianes, se roule dans l’herbe, regarde les oiseaux s’envoler au dessu de sa tête….
Quel bonheur cette petite escapade se dit-elle, c’est trop génial (comme elle s’est trop éloignée elle n’a pas entendu le sifflement indiquant le danger) et elle continue et hop une galipette dans l’herbe fraîche, et hop une autre, son petit museau est tout mouillé, ça la chatouille et ça la fait rire, mais lorsqu’elle se redresse sur ses pattes elle se trouve nez à nez avec Bernarde la renarde…
Bonjour petite lui dit-elle, comme tu es jolie !
Charlotte ouvre de grands yeux surpris, et lui répond : je n’ai pas le droit de parler aux inconnus !
Mais je ne suis pas une inconnue, je connais bien tes parents et toute la colonie de marmottes, viens donc jouer avec mes petits, ils connaissent bien le plateau, ils pourront te le faire découvrir.
Charlotte ravie se dit, mais quelle aubaine, je vais faire la connaissance de nouveaux amis aventuriers !!! elle accepte et se demande bien pourquoi sa maman ne veut pas qu’elle aille explorer d’autres contrées et surtout pourquoi elle ne doit pas faire confiance à Bernarde, elle a l’air si gentille, et elle l’a suit…Lorsqu’elles arrivent à l’entrée de la forêt, Bernarde s’empare de Charlotte et part en courant la petite marmotte entre les dents.
Yvette la chouette qui s’apprêtait à aller se coucher après avoir surveillé les alentours toute la nuit a tout vu et tout entendu de la scène qui se réroulait au pied de son arbre.
Oh l’imprudente petite Charlotte s’écrie-t-elle ! Et s’envole en direction d’Emilien le chien grand ennemi de Bernarde afin de lui faire part des manigances de la méchante.
Aussitôt prévenu, Emilien se lance aux trousses de Bernarde qui, prise de panique ouvre grand son museau et laisse tomber la pauvre petite Charlotte affolée qui ne comprend rien de ce qui lui arrive, elle roule dans l’herbe et vient heurter un tronc d’arbre, aïe ! Oh la belle bosse sur la tête !
Tu as eu beaucoup de chance petite écervelée qu’Yvette ait tout vu et soit venue me trouver, la gronde Emilien aller, grimpe sur mon dos je vais te ramener auprès de tes parents.
Devant l’entrée du terrier Javotte et Eliot, prévenus eux aussi par Yvette la chouette attendaient très inquiets. Après avoir un peu grondé leur petite imprudente, ils la prennent dans leurs pattes, et lui font de gros câlins, ils ont eu si peur qu’elle ne revienne jamais…
Charlotte honteuse et surtout après tant d’émotions leur promet de ne plus jamais désobéir.
Elle a bien compris maintenant pourquoi sa maman l’avait mise en garde des dangers qui la guettaient.
Aujourd’hui Charlotte a grandi.