L’atelier du Père Noël est en effervescence, il faut dire qu’il y a eu beaucoup de commandes cette année, tous les lutins travaillent d’arrache-pied afin que tous les jouets soient finis pour demain soir.
Demain le grand Soir, le plus beau le plus pétillant, le plus magique de l’année :
le 24 décembre, le Réveillon de Noël.
Même le lutin Martin chargé de lire les commandes et de répondre au téléphone a dû mettre la main à la pâte, et c’est la mère Noël qui le remplace dans cette tâche, pour elle aussi c’est une surcharge de travail, habituellement elle est préposée aux paquets uniquement, elle sait si bien les faire ! mais quel travail aussi : entourer chaque cadeau de jolis papiers ou de les glisser dans de jolis sacs, nouer les rubans assortis, inscrire le nom de chacun sans faire d’erreur et surtout n’oublier personne !!!!
Dans l’atelier résonnent les tac tac tac, les bing bing bing, les pan pan pan….
Oh ! Mais voilà que le moule à légos fait des siennes, les légos restent collés, heureusement le lutin Corentin est là, il est presque magicien, il répare tout très vite ouf !
Lorsque quelque chose ne fonctionne pas on l’appelle : Corentin par-ci, Corentin par-là et il accoure sans se faire prier ; afin de ne pas perdre de temps il est toujours chaussé de patins à roulettes ainsi il peut se déplacer plus rapidement d’un bout à l’autre de l’atelier, il est très adroit, il slalome entre les établis, les monticules de jouets les planches sans jamais rien renverser.
Pendant ce temps dans la forêt avoisinante batifolent les deux rennes Owen et Jaden, ils s’amusent comme des fous et se défoulent car demain il leur faudra être sérieux et ne manquer aucune cheminée, aucun toit de maison. Ils prennent des forces en se régalant de lichens enfouis sous la neige, lorsque les yeux de Jaden se mettent à briller d’une lueur gourmande, il vient d’apercevoir une branche de saule, son mets favoris, seulement il y a une difficulté à surmonter : pour l’atteindre il doit sauter la clôture, Owen plus raisonnable essaie de l’en empêcher :
Non Jaden, n’y vas pas, c’est le territoire du père Fouettard !
Mais la gourmandise de Jaden est trop forte, il n’écoute pas son ami et se dirige attiré comme par un aimant vers sa friandise préférée.
Quelle aubaine, c’est mon jour de chance, la barrière est entr’ouverte ! s’écrie-t-il tout émoustillé.
Il lui suffit d’un léger coup de museau pour que le portillon cède complètement, il s’élance dans la direction de cette découverte insolite, lorsque brutalement sa patte avant droit se trouve emprisonnée dans vilaine mâchoire métallique, une vive douleur le fait hurler.
Un piège sûrement posé là, bien caché par le Père Fouettard. Eh ! pardi qui d’autre que le Père Fouettard aurait pu avoir une si vilaine attention sinon ce méchant personnage, il serait bien content si le Père Noël ne pouvait distribuer de cadeaux demain soir.
Owen tout retourné lui demande de ne pas bouger et part chercher du secours.
Le voyant arriver seul et essoufflé, le Père Noël très inquiet lui demande ce qu’il se passe Owen lui relate en deux mots l’accident de son inséparable confrère. Le Père Noël courroucé s’apprête à le suivre, le lutin Valentin qui a tout entendu leur demande de l’attendre juste une minute, il pose ce qu’il est en train de faire et se précipite au vestiaire chercher sa besace plaine de plantes et de poudres destinées à guérir tous les maux ; il faut dire que sa grand-mère est guérisseuse et lui a appris tous les rudiments pour soigner les blessures, quelles qu’elles soient.
Le Père Noël les accompagne et voilà le trio courant au secours du pauvre Jaden. Ils réussissent à extirper avec délicatesse la patte du piège mais cette dernière est bien endommagée et saigne abondamment, et pour demain……
Pas de panique s’empresse de rassurer le lutin Valentin !
Et il applique sur la blessure un onguent de sa fabrication fait de miel, de cannelle et d’un peu de poudre de perlimpinpin, l’entoure d’une feuille d’érable, maintient le tout avec un peu de raphia et lui conseille de ne pas faire d’imprudence.
Tout ce petit monde est très préoccupé car comment faire si Jaden est blessé, Owen ne pourra pas tirer le traîneau tout seul il sera bien chargé, bien trop lourd….
Les voila tous les quatre sur le chemin du retour, le pauvre Jaden éclopé, boitillant et avançant tant bien que mal lorsqu’un épais brouillard s’abat sur eux, les enveloppant et leur ôtant toute visibilité à moins d’un mètre…
Oh non s’écrient-ils en cœur !
Eh bien, il ne manquait plus que cela, nous avons encore tant à faire avant demain soir ! dit le Père Noël dépité.
Malgré leurs lampes frontales le Père Noël et le lutin Valentin ont beaucoup de mal à se diriger et à guider les rennes, ils avancent péniblement en s’enfonçant dans la neige, Owen soutenant Jaden comme il peut.
Soudain une immense porte de lumière leur barre le chemin…
Mais où sommes-nous arrivés s’inquiètent-ils ? Il n’y a pas d’habitation à cent lieux à la ronde, à part celle du Père Fouettard et elle n’est ni grande ni lumineuse.
Je frappe dit Valentin, nous verrons bien, nous n’avons plus rien à perdre .
Il a à peine effleuré la porte du revers de sa main que celle-ci s’ouvre en grand et apparaît sur le seuil une licorne qui se transforme immédiatement sous leurs yeux ébahis en renne.
Ils n’en croient pas leur yeux et restent bouche bée, le souffle coupé.
– Merci de m’avoir délivré dit le nouveau renne d’une voix très douce, le Père Fouettard m’a transformé en licorne et m’a emprisonné il y a bien longtemps dans cette maison, ainsi je ne pouvais plus sortir, il fallait que quelqu’un vienne frapper à la porte afin qu’elle s’ouvre et que je sois délivré de ce sortilège, mais il ne passe jamais personne par ici…
Les quatre personnages expriment également leur surprise car ils ne connaissent pas ce chemin, c’est le fruit du hasard s’ils se sont trouvés devant cette maison.
Nous étions perdus à cause du brouillard et ils racontent à tour de rôle leur terrible mésaventure.
Je me présente dit le nouveau renne : je m’appelle Darren, merci infiniment vous venez de me sauver la vie, je vous suis redevable, que pourrais-je faire à mon tour pour vous aider ?
Me remplacer pour demain soir dit aussitôt Jaden, regarde l’état de ma patte !
Ce sera un grand bonheur et un grand honneur pour moi, j’en rêve depuis ma plus tendre enfance de tirer le traîneau du Père Noël répond Darren !
Et l’année prochaine nous serons trois à tracter le fabuleux traîneau ! s’écrient en cœur Jaden et Owen.
A peine ces mots prononcés le brouillard se lève aussi vite qu’il était tombé quelques instants auparavant.
Tout le petit groupe peut ainsi retrouver le chemin de l’atelier où tous les lutins ont mis les bouchées doubles et ont finis tous les cadeaux.
La Mère Noël a fait de très jolis paquets, il n’y a plus qu’à les déposer sur le traîneau, et demain la douce et belle nuit de Noël se déroulera parfaitement comme à l’accoutumée.
Cette année encore le Père Fouettard et son méchant acolyte Geignard, n’auront pas réussi à gâcher la magie de Noël.