Tristan et les oies sauvages.
Tristan est un petit canard du Lac d’Annecy, depuis toujours il est la risée de ses camarades parce qu’il ne sait pas se repérer dans le Lac, et cela depuis qu’il est tout petit, c’est aussi un gros souci pour ses parents car il a beaucoup de mal à retrouver sa maison sans demander son chemin.
Lorsqu’il joue à cache-cache avec ses camarades entre les bateaux et les pédalos, qu’il a bien vadrouillé partout, il est obligé de leur demander le chemin de sa maison, alors ceux-là ne se privent pas de l’envoyer n’importe où et le pauvre Tristan rentre à la nuit épuisé d’avoir tant nagé et cherché.
Un jour en fin d’après-midi après avoir bien joué, comme d’habitude, il demande sa route pour rentrer, mais le vilain Gaston, un autre petit canard, le dirige vers le Thiou et lui dit :
– Mais tu n’as pas à te tromper, tu vas toujours tout droit, et le pauvre Tristan suit ces mauvais conseils.
A la nuit il n’a toujours pas retrouvé sa maison, il se met à pleurer tout en continuant à nager jusqu’à l’épuisement. Il est perdu.
N’en pouvant plus, il s’arrête sur le bord du Thiou, sous un arbre et s’endort mais d’un sommeil léger. Il a peur. Il entend des bruits qu’il ne connaît pas.
Tout à coup Il entend des bruissements de feuilles, une branche qui grince et un grand Hou hou hou !!!! Il se met à trembler d’effroi, une grosse voix qui lui dit :
– Mais que fais-tu là petit canard, tu n’es pas du quartier, je t’aurai reconnu, cela fait vingt ans que j’habite cet arbre, mais tu pleures que t’arrive t il ?
Tristan lui répond en sanglotant :
– Je suis perdu je ne retrouve plus ma maison ni ma famille, le méchant Gaston m’a indiqué un mauvais chemin, mais vous avez une drôle de tête et un drôle de bec, je n’en n’ai jamais vu de pareils !
– Ah ! Mais c’est normal je suis un hibou, je m’appelle René, je ne sors que la nuit pour veiller sur ceux qui dorment, je surveille les alentours, le jour je dors là dans mon arbre. Tu as l’air bien fatigué, repose toi et dors tranquille je veillerai sur toi, mon pauvre petit tu es bien las.
Et Tristan s’endort jusqu’au petit matin.
À l’aube il se réveille et voit deux autres personnages qu’il ne connaît pas et qui le regardent en parlant doucement :
– Bonjour petit canard, comment t’appelles-tu ?
– Bon bon bonjour dit-il apeuré je m’appelle Tristan et vous qui êtes-vous ? Je n’ai jamais vu de canards comme vous.
– Ah Ah !! Se mettent à rire les arrivants, nous ne sommes pas des canards, mais des oies sauvages je m’appelle Erwan dit le plus grand et voici ma sœur Nina, mais que fais-tu ici tout seul ?
– Et Tristan de raconter à nouveau sa mésaventure.
– Nous allons repartir vers le sud, la Méditerranée dit Erwan, avec toute notre troupe la semaine prochaine voudrais-tu venir avec nous ?
– Attends dit Nina à son frère, puis s’adressant à Tristan : sais-tu voler au moins ?
– Ben un peu répond Tristan tout timide.
– Viens avec nous dit Erwan, là au bord du Thiou, montre-nous ce que tu sais faire, si tu es capable d’aller jusqu’à la cabane en bois qui est là-bas en nous suivant et en faisant bien tout ce qu’on te dit de faire sans t’arrêter, nous te présenterons à notre troupe et si elle est d’accord on t’emmène.
– Tu verras c’est magique on voit des paysages magnifiques et nous avons une technique pour voler longtemps sans se fatiguer, on t’expliquera ça en chemin.
Tristan très motivé et ravi d’avoir rencontré de nouveaux amis sympathiques vole jusqu’à la cabane sans souci.
– Oui bravo ! crient Erwan et Nina tu as réussi, maintenant suis-nous, nous allons te présenter notre troupe.
Arrivés dans leur refuge ils présentent Tristan :
– Maman, Papa voici Tristan, il est seul au monde, perdu, pourrait-il venir avec nous à Gruissan ?
Les parents réfléchissent ….
– Oh s’il vous plait on est si contents d’avoir un nouvel ami et puis regardez, il a l’air si gentil !
– Accordé dit le papa, mais vous devrez lui apprendre toutes les techniques de vol, vous le prenez en charge et surtout vous ne le laissez jamais tout seul.
– Oh merci merci merci ! S’écrient les petites oies ainsi que Tristan ravi de voir autant d’enthousiasme et d’amitié autour de lui.
Par une fin d’après-midi de la semaine suivante, lorsque le soleil est moins chaud et le ciel d’un joli rose lumineux, toute la troupe des oies se regroupe prête à partir pour Gruissan au bord de la Méditerranée.
– Allez Tristan reste à côté de nous, nous les jeunes oies devons demeurer au milieu, regarde, chacune de nous lorsqu’elle donne des coups d’ailes crée un déplacement d’air vers le haut, voilà ça y est nous formons un V tout le monde profite de la poussée d’air de celle qui est devant elle.
– Lorsque l’oie de tête est fatiguée, elle se déplace vers l’arrière et laisse une autre prendre son poste de guide..
– Mais pourquoi les oies de queue crient elles, demande Tristan un peu inquiet ?
– Ne t’inquiète pas lui répond Nina, c’est tout simplement pour encourager celles de tête à maintenir leur vitesse.
– Mais si je suis trop fatigué ? demande à nouveau Tristan.
– Pas de souci si cela arrive nous resterons avec toi, nous redescendrons sur la terre ferme jusqu’à ce que tu aies récupéré, même si tu es blessé. Nous avons toujours pour consigne de rester avec l’oie blessée ou malade jusqu’à ce qu’elle soit en mesure de repartir.
– Mais les autres seront déjà loin ! S’écrie Tristan.
– Oui, mais nous attendrons la prochaine formation, c’est à dire le prochain groupe qui nous aidera à rejoindre le nôtre.
Tristan est rassuré, quelle chance se dit-il d’avoir de tels amis qui prennent soin de moi, ils sont bien plus gentils que Gaston et sa bande.
Et le voyage se passe sans problème, Tristan est si content de faire partie de ce groupe qu’il en oublie la fatigue. Il regarde en bas les paysages magnifiques, tout est tout petit, les maisons sont minuscules, les rivières ressemblent à des serpentins, et les champs ressemblent à des petits tapis de toutes les couleurs.
– C’est rigolo tout est tout petit ! DitTristan émerveillé.
Et puis le groupe commence à descendre.
Les voilà arrivés à Gruissan au bord de la lagune.
Tout le groupe est fatigué mais très content d’être enfin arrivé dans le sud, tout le monde va se reposer sauf Tristan tellement fier de lui qu’il va se baigner, avant de rejoindre ses amis.
– Mais c’est génial s’écrie-t-il de joie, je ne me suis pas perdu, je vous ai retrouvés tout de suite !
– Eh oui lui dit Erwan tu as beaucoup appris en voyageant avec nous !!!!
Toute la troupe reste dans la région jusqu’au printemps suivant. Tristan et ses amis Erwan et Nina jouent beaucoup dans la petite montagne de Clape située à deux pas de Gruissan.
Ils vont sur la tour de Barberousse du château de Gruissan, et tous les soirs ils vont faire un tour dans la lagune afin que Tristan puisse se baigner, Erwan et Nina le regardent s’ébattre dans l’eau et faire le clown en riant de bon cœur.
Un jour ils sont même allés sur les remparts de Carcassonne et sur la montagne Noire.
Ils forment une bonne équipe ces trois-là. Tristan apprend beaucoup de choses sur la nature, maintenant il sait en plus voler aussi loin que les oies sauvages, il est devenu un canard volant, savant, mais toujours aussi gentil et de bonne humeur.
L’automne, l’hiver passent, revoilà le printemps avec toute sa multitude de fleurs aux couleurs chatoyantes, aux odeurs envoûtantes, il est temps de remonter sur Annecy.
Le groupe se reforme, mais cette fois-ci Tristan, Erwan et Nina qui ont bien grandi vont chacun à leur tour en tête du groupe lors du voyage de retour….
– Ça y est nous arrivons s’écrie Tristan !
Le groupe se pose au bord du Thiou d’où il était parti à l’automne dernier. Il fait presque nuit, Tristan en profite pour aller sous l’arbre de René le hibou pour lui faire un petit coucou.
– Eh ! dit René c’est toi Tristan ? Comme je suis content de te revoir mon petit, mais dis-moi tu as bien grandi et tu me sembles bien ragaillardi,Tristan lui raconte toute son aventure.
– Oh! Mais quel superbe voyage ! Promets-moi lorsque tu auras retrouvé les tiens, de venir me voir de temps en temps, tu sais bien te repérer maintenant. Tristan le lui promet et s’endort sous l’arbre de René tout confiant.
Dès potron-minet, lorsque tous les petits oiseaux se réveillent et se mettent à gazouiller, Nina et Erwan viennent le retrouver pour lui dire au revoir et lui font promettre également de revenir les voir de temps en temps pour jouer avec eux, Tristan le leur promet, tout heureux d’avoir des amis sur qui compter.
Lorsque le soleil est bien haut dans le ciel, il retourne dans sa famille sans se tromper de route.
Ses parents heureux de le retrouver en pleurent de joie. Ils le croyaient perdu à tout jamais. Puis il va voir Gaston non pas pour le gronder mais pour lui dire sa reconnaissance, Gaston surpris ne comprend pas, il est surtout honteux et a beaucoup de remords d’avoir été méchant avec lui.
– Je ne t’en veux pas lui dit Tristan au bon cœur, car c’est peut-être un peu grâce à toi que j’ai découvert d’autres amis et d’autres horizons, je vous apprendrai à toi ainsi qu’à toute la bande de canards du lac à voler longtemps, à voir des paysages différents, on pourrait même tenter l’aventure et aller jusqu’au lac de Genève.
Depuis ce jour-là Tristan est devenu un personnage très important du lac d’Annecy, mais toujours aussi joyeux et gentil, et bien-sûr il prend toujours du temps pour aller revoir René, Erwan, Nina et tout le groupe d’oies.
Tristan