Tristan et les étranges rencontres
Tristan en compagnie de Gaston et de toute la bande de petits canards joue au bord du lac, lorsque deux petites feuilles jaunes et rousses virevoltent et viennent se poser délicatement à la surface de l’eau devant son petit bec surpris. Cela lui rappelle que ce sont les signes annonciateurs de l’automne, et qu’il avait promis à Erwan et Nina d’aller leur dire au revoir avant leur départ pour le sud.
Je pars dire au revoir à mes amis oies, je vous retrouverai demain leur dit-il.
Et il se met à nager du plus vite qu’il le peut. Il croise Maître Ignace qui se demande ce qui peut bien faire courir le petit canard :
Mais que t’arrive t-il mon petit, c’est l’orage de cette nuit qui t’a perturbé, tu ne dis même plus bonjour ?
Oh mille excuses Maître Ignace, je me dépêche d’aller dire au revoir à mes amies oies, elles vont bientôt partir vers le sud comme tous les ans dès que l’automne montre le bout de son nez.
Ah je comprends ton empressement, sois prudent tout de même !
Promis !
Et il reprend sa route en direction du Thiou, impatient de retrouver Erwan et Nina mais un peu triste tout de même de ne plus les revoir jusqu’au prochain printemps. Chemin faisant il les aperçoit se déplaçant d’arbre en arbre tantôt volant, tantôt marchant. Arrivé à leur hauteur, il ralentit si brusquement son allure en freinant de ses deux petites pattes qu’il provoque une grosse gerbe d’eau éclaboussant les petites oies, qui tout à leurs recherches ne l’avaient pas vu arriver.
Oh non s’écrie Nina l’orage revient !
Mais non dit Erwan en se retournant, c’est Tristan !
Tristan éclate de rire en voyant leurs petites frimousses étonnées perlées de petites gouttelettes et leur demande :
Bonjour mes amis, mais que faites-vous, c’est un nouveau jeu ?
Ah ! Bonjour Tristan lui répond Erwan, quel bonheur de te revoir, nous craignions de partir sans t’avoir dit au revoir. Hélas non ce n’est pas un nouveau jeu, nous sommes à la recherche d’un arbre creux pour René le hibou, le sien a été abattu par la foudre cette nuit.
Le pauvre est venu tout affolé nous demander asile dit Nina, tu penses bien que nous l’avons hébergé avec grand plaisir, à présent comme le jour se lève et qu’il n’y voit plus rien, nous lui cherchons un arbre pour cette nuit.
Oh pauvre René, il est si âgé et n’a plus toute son agilité, je viens vous aider propose Tristan, à trois nous aurons plus de chances de trouver rapidement.
Avec grand plaisir dit Erwan et comme ça nous passerons plus de temps ensemble.
Explorant le moindre recoin, les trois amis n’ont pas vu la nuit tomber, se retrouvent dans l’obscurité et dans un endroit inconnu… Malgré la pleine lune ronde et brillante comme une grosse pièce d’agent et les milliers d’étoiles scintillant dans le ciel, il fait très sombre dans les fourrés et ils ont beaucoup de mal à voir où ils mettent leurs pattes…
Ils sont perdus, inquiets, lorsque non loin de là, dans l’obscurité, un bruissement se fait entendre, les brindilles craquent… Au fur et à mesure que la chose se rapproche d’eux les hautes herbes bougent et s’éclairent… Puis, celles qui cachaient encore les trois amis s’illuminent, s’écartent et laissent apparaître un petit serpent lumineux d’un joli vert fluorescent, tout aussi surpris et affolé que les trois amis tremblant de peur.
N’ayez pas peur leur dit le petit serpent, comme pour se rassurer lui-même, mais qui êtes-vous et que faites-vous dans le noir ?
Tristan, Erwan et Nina sont si effrayés par cette apparition qu’aucun son n’arrive à sortir de leurs bouches et restent becs et yeux grand ouverts !
N’ayez pas peur, je je suis bizarre, je sais, mais je je suis gentil ! snif snif et il se met à pleurer à chaudes larmes.
Le petit serpent à l’habitude de ces réactions, c’est justement ce qui le rend triste.
Ne pleures pas lui dit Nina bouleversée !
Oh, je sais bien tout le monde me fuit dit l’incroyable personnage en sanglotant.
Rassure-toi lui répond Erwan, nous n’allons pas déguerpir, d’ailleurs il fait nuit noire, nous n’y voyons rien et nous sommes perdus.
Mais de quelle planète viens-tu ? Demande Tristan.
Je m’appelle Artus, je suis né ici, je ne vous veux pas de mal au contraire, j’aimerai bien avoir des amis mais personne ne veut de moi pour jouer, pourtant je suis aussi bien à l’aise dans l’eau que sur la terre ferme vous savez, et malgré cela je n’ai d’ami nulle part. Les poissons ont peur de ma luminosité et me fuient comme si j’avais la peste et sur la terre n’en parlons pas, tout le monde détale comme si j’allais les brûler de ma lumière.
Tu es effectivement bien curieux ose répondre Tristan inquiet, mais je ne te trouve pas heu! effrayant, qu’en pensez-vous Erwan et Nina ?
Nous sommes de ton avis Tristan ! répondent les petites oies d’une voix mal assurée.
Mais que faites-vous ici à cette heure-ci dans le noir ? Leur demande à nouveau Artus intrigué.
Nous sommes à la recherche d’un arbre pour notre ami René dit Tristan, nous nous sommes trop éloignés du bord du lac s’en nous en apercevoir et n’avons pas vu la nuit tomber.
Si vous voulez bien accepter ma compagnie je peux vous guider. Comme vous pouvez le constater j’éclaire tout sur mon passage, je peux vous aider à trouver un abri pour votre ami. Quelle sorte d’arbre cherchez-vous ?
Nous cherchons un arbre creux, René est un très vieux hibou, il a beaucoup de mal à se déplacer et le sien a été décimé par la foudre cette nuit dit Nina prenant un peu confiance. L’arbre voisin du sien n’a pas été touché, mais hélas il n’est pas creux.
Elle s’approche de plus près du petit serpent et lui demande timidement :
Est-ce qu’on peut toucher ta peau ?
Mais oui pas de problème, vous verrez bien que je ne suis pas vénéneux, que je ne pique pas, je ne mords pas.
Les trois camarades s’approchent timidement de lui, et passent leurs cous sur la peau d’Artus.
Mais comme tu es tout doux ! S’écrient-ils ensemble rassurés.
Le petit serpent ferme ses grand yeux qui laissent échapper une petite larme, de bonheur cette fois-ci.
Le petit groupe se dirige vers le lac, Artus ouvrant la voie suivi de Tristan et Nina Erwan fermant la marche. Ils avançaient tranquillement lorsque tout à coup un personnage survolant au dessus d’eux les fait sussauter de surprise et leur dit :
Salut la compagnie, je m’appelle Albert le Picvert, pour vous servir !!! Je ne voulais pas être indiscret mais j’ai tout de même entendu votre conversation tout à l’heure. Je peux creuser un petit logis pour votre ami René. Toi le beau lumineux tu m’éclairerais pendant que moi je creuserais. Hé hé qu’en pensez-vous ?
Mais c’est génial s’écrie Tristan n’en revenant pas de cette intrusion si inattendue, tu pourrais lui creuser sa maison dans l’arbre voisin du sien en peu de temps ?
– Évidemment, hé hé ce n’est pas pour rien qu’ on m’appelle Albert l’Eclair, le Picvert le plus rapide de la région, sans vouloir me vanter ! Dit-il bombant le torse.
Ce serait merveilleux pour lui, il est tellement habitué à ce quartier.
Il y habite depuis vingt ans !!!! Reprennent en cœur les trois amis.
Et les voila tous partis en direction du fameux arbre, longeant les bords du lac, Albert survolant au dessus d’eux, Artus faisant des zig-zag dans l’eau autour de ses nouveaux amis, heureux d’en avoir enfin.
Arrivés à destination Artus s’empresse de s’entortiller le long du tronc tandis qu’Albert se met tout de suite à l’ouvrage et commence son travail de creusage pendant que les trois autres compères surveillent les travaux. Au milieu de la nuit la maison de maître hibou est enfin terminée.
Allons chercher René dit Tristan, il va être si content !
Oh oui dit Nina, il était si malheureux de ne plus avoir de maison !
Lorsque René les aperçoit, il est tout d’abord très surpris de les voir et de plus escortés
d’ inconnus quelque peu surprenants. Maintenant que la nuit est bien noire il peut alors ouvrir ses grands yeux jaunes si doux et leur demande :
Mais que faites-vous là mes enfants à cette heure-ci ?
Ah ah ! Disent-ils en cœur, impatients de lui faire plaisir, suivez-nous, nous vous réservons une grande surprise…
René les suit cahin-caha, il est si âgé que ses vieilles pattes et ses vieilles ailes ne vont pas aussi vite qu’il le souhaiterait… Arrivé devant l’arbre, René croit rêver, une grosse larme d’émotion coule le long de ses pauvres vieilles plumes ébouriffées les aplatissant au passage.
Oh merci, merci mes enfants, j’ai vraiment beaucoup de chance d’avoir des amis tels que vous ! leur dit-il le cœur débordant de joie.
Albert enlève la dernière écharde qui dépassait de l’entrée et lui dit en déployant largement une de ses ailes, lui indiquant le chemin et lui laissant le passage :
Si mossieu René veut bien se donner la peine !!!!
René n’en revient pas :
Mais c’est magnifique !!! Et encore plus grand que mon ancien creux !
Artus leur donne un joli spectacle de lumière en s’entortillant autour des branches voisines, se cachant sous les feuilles puis apparaissant là où on ne l’attendait, pas au rythme du tam tam qu’Albert imite parfaitement avec son bec.
La nuit se termine par des cris de joie, de chants… C’est la fête !!!!
Au petit matin, Erwan et Nina vont rejoindre leur groupe qui s’apprête à partir vers le sud jusqu’au printemps prochain. Ils sont un peu tristes de quitter leurs amis, mais le cœur plein de joie d’avoir pu rendre service à René et de toutes façon ils les retrouveront au prochain printemps puisque René restera dans le quartier, et ils ont de nouveaux amis maintenant.
Tristan, Albert et Artus repartent vers le lac et entrent chacun chez soit prendre un peut de repos après une nuit bien mouvementée et très riche en émotions. Ils se promettent de se revoir bientôt et ravis de s’être rencontrés.